Migros-Pour-cent-culturel-Classics 180°

En 1986, un groupe de musiciens londoniens a étudié l’institution orchestrale d’un œil critique et a décidé de repartir à zéro. Pas question de placer un seul chef à la tête de l'ensemble, ni de se limiter à un répertoire donné. L’Orchestra of the Age of Enlightenment a ainsi vu le jour, dans l’esprit novateur du Siècle des Lumières. Avec des instruments propres à chaque époque de leur répertoire, ces musiciens idéalistes ont pour mission de repenser la musique du passé pour la réinventer dans le présent, que ce soit dans les salles de concert ou des pubs de quartier. Cet esprit de partage a aussi conduit l’ensemble à élire domicile dans une école londonienne, alors qu’il s’associe aux chanteurs professionnels du Choir of the Age of Enlightenment pour ses tournées festivalières ou son programme annuel au Southbank Centre de Londres.

Entre une carrière de chercheur et celle d’interprète, John Butt ne s’est pas imposé le dilemme du choix. Le musicien anglais se distingue dans l’un et l’autre de ces registres comme l’un des spécialistes les plus avertis de la musique des XVIIe et XVIII– siècles. Il a consacré nombre de publications à l’œuvre de J.S. Bach et à l’interprétation historiquement informée. Comme organiste et claveciniste, il a réalisé des enregistrements très remarqués. Il s’impose enfin comme chef d’orchestre, notamment à la tête du Dunedin Consort, formation de musique ancienne basée à Edimbourg. John Butt entretient de longue date une collaboration avec l’Orchestra of the Age of Enlightenment comme « Principal Artist », tout en collaborant avec des orchestres de renom à titre de chef invité.

La soprano anglo-vénézuélienne Sofia Kirwan-Baez a débuté sa formation musicale à Caracas grâce au programme El Sistema. Elle a d’abord pris des cours de violon, puis de piano, poursuivant l’étude de ces deux instruments au Conservatoire de Périgueux. Après des études de musicologie à l’Université d’Oxford, elle a entamé une formation vocale au Welsh College of Music and Drama, puis au Royal College of Music Opera School. Bénéficiaire de plusieurs bourses, elle a aussi fait valoir en 23/24 un statut de «Jeune artiste» dans le cadre du programme de soutien du National Opera Studio. La carrière de Sofia Kirwan-Baez se déploie tant dans le registre lyrique que sur la scène de concert. En 2023, elle a fait ses débuts au Wigmore Hall de Londres et a participé au Festival de chant d’Oxford.

Assurément l’une des voix les plus captivantes de la nouvelle génération d’artistes britanniques: c’est ainsi que Helen Charlston a été décrite par le magazine Gramophone, lequel lui a aussi attribué en 2023 le prix du meilleur «album conceptuel». Une distinction de plus pour cette jeune mezzo qui faisait partie de la première volée des «Rising Stars of the Orchestra of the Age of Enlightenment». En 2021, elle a été sélectionnée pour participer au Jardin des Voix de William Christie et a été l’une des «New Generation Artists 21–23» sélectionnés par la BBC Radio 3. A l’opéra comme au concert, Helen Charlston privilégie le répertoire de la musique ancienne, mais se produit aussi dans le registre contemporain. Elle est par ailleurs conseillère artistique du festival York Early Music.

Le ténor britannique Hugo Hymas a fait ses premières expériences vocales comme choriste d’église à Cambridge, tout en étudiant la clarinette. Ancien «Britten Pears Young Artist» et «Rising Star of the Enlightenment», il s’est imposé comme un artiste très apprécié pour ses interprétations de la musique de la renaissance et baroque. Il s’est produit aux côtés des formations les plus réputées dans ce registre, comme The Orchestra of the Age of Enlightenment, Les violons du Roi, The English Concert, le Collegium Vocale Gent, The Monteverdi Choir et Les Arts Florissants. Dans le registre lyrique, il s’est notamment produit sur les scènes du Glyndebourne Festival, du Potsdamer Winteroper et du Teatro dell’Opera di Roma. En Suisse, Hugo Hymas a notamment chanté avec l’OSR et le Sinfonieorchester Basel.

Le baryton-basse allemand Florian Störtz s’est imprégné de musique vocale dès son plus jeune âge à la Cathédrale de Trèves. En 2023, il a fait son entrée sur la scène internationale en remportant le Concours international Händel à Londres et le Concours Helmut Deutsch. Cette même année, il a aussi remporté en compagnie du pianiste Mark Rogers le Prix de la mélodie au Concours Lili et Nadia Boulanger de Paris. Aujourd’hui basé à Londres, Florian Störtz est l’invité de chefs renommés comme Christophe Rousset, Paul McCreesh, Kristian Bezuidenhout. Cet ancien élève du Royal Academy of Music de Londres et bénéficiaire du Britten Pears Young Artist Programme a récemment enregistré l’Oratorio de Noël de Bach avec l’Orchestra of the Age of Enlightenment et s’apprête à publier son premier album de récital.

« Solomon » est un joyau méconnu dans l’œuvre de Händel. Le compositeur saxon a écrit en 1748 cet oratorio en trois actes qui célèbre la sagesse légendaire du roi Salomon. Le compositeur – alors au sommet de sa gloire dans la capitale anglaise – a conçu une œuvre rutilante mêlant intrigue, amour et splendeur orchestrale. L’auteur du livret n’est pas connu ; l’intérêt de l’ouvrage ne réside d’ailleurs pas dans cette histoire mal ficelée évoquant trois épisodes de la vie du roi Salomon : la construction du temple de Jérusalem, le jugement de Salomon dans le litige opposant deux femmes revendiquant la maternité du même enfant et la rencontre avec le reine de Saba. L’oratorio se distingue bien plutôt par l’opulence de l’orchestration, qui fait la part belle aux vents, et par des chœurs grandioses, dont plusieurs sont à huit voix. Bien plus qu’une paraphrase musicale d’une histoire biblique, « Solomon » serait une célébration de la gloire et la prospérité d’une Angleterre heureuse sous le règne de George II.