Une profonde amitié liait Mozart à Anton Stadler, frère de loge maçonnique du compositeur et clarinettiste de l’Orchestre de la cour de Vienne. Vers la fin de sa vie, Mozart a dédié plusieurs œuvres à ce virtuose qui a largement contribué au développement de son instrument. Après deux ouvrages de musique de chambre – le Trio «des quilles» K. 498 et le Quintette avec clarinette K. 581 – et un rôle prépondérant dans la partition d’orchestre de son opéra La Clémence de Titus, le compositeur a encore livré à Stadler son ultime œuvre concertante peu avant de mourir. Délaissant le Requiem commandé par le comte Walsegg, le compositeur a repris un projet de concerto pour cor de basset qu’il avait ébauché en 1789 déjà. Le Concerto K. 622 a probablement été conçu pour une clarinette de basset construite par Stadler lui-même, ce qui a permis à Mozart l’ajout de quatre notes supplémentaires dans le registre grave. Comme le dédicataire a par la suite perdu (ou vendu?) le manuscrit, il n’a pas été possible de déterminer avec exactitude quelles étaient ces notes supplémentaires. Après la mort de Mozart, l’usage de la clarinette «standard» s’est imposé, si bien que les interprètes ont pris l’habitude de transposer d’une octave les notes les plus graves. Tout au long de ce concerto, Mozart a exploité au mieux la plénitude et la souplesse mélodique de l’instrument soliste, associant à sa parfaite maîtrise de l’écriture concertante son art consommé de la musique de chambre. Au-delà du seul chef-d’œuvre instrumental, c’est un véritable hymne à la fraternité universelle que Mozart est parvenu à exprimer à travers son ultime production dans le registre symphonique. L’ouvrage n’a été publié que dix ans après la mort de Mozart.