Y a-t-il, dans le registre de la musique classique européenne, partition plus célèbre au monde et même au-delà, puisque la Symphonie en ut mineur de Beethoven a été embarquée à bord d’un vaisseau spatial comme témoin de la culture des terriens. Trois notes brèves prolongées d’une note longue – expression du « destin qui frappe à la porte » à en croire une affirmation de Beethoven lui-même – marquent de leur empreinte toute la symphonie. Cette cellule rythmique caractéristique, accommodée par la suite à toutes les sauces musicales imaginables, a fait de la Cinquième Symphonie un véritable « tube ». Qu’importe, puisque c’est bien d’un chef-d’œuvre dont Beethoven a accouché, au terme d’une longue gestation. Esquissée dès 1795, l’œuvre n’a été créée que le 22 décembre 1808, à l’occasion d’un concert-marathon organisé par le compositeur au Theater an der Wien. Dans son Etude critique des symphonies de Beethoven, Berlioz a assez bien résumé l’engouement collectif pour cet ouvrage : « La Symphonie en ut mineur nous paraît émaner directement et uniquement du génie de Beethoven. C’est sa pensée intime qu’il y va développer ; ses douleurs secrètes, ses colères concentrées, ses rêveries pleines d’un accablement si triste, ses visions nocturnes, ses élans d’enthousiasme en fourniront le sujet ; et les formes de la mélodie, de l’harmonie, du rythme et de l’instrumentation s’y montreront aussi essentiellement individuelles et neuves que douées de puissance et de noblesse. » Et Goethe de renchérir, après que Mendelssohn lui eut joué la symphonie en 1830 : « C’est très grand, c’est absolument fou. On aurait peur que la maison s’écroule ! »